Nekfeu, de son vrai nom Ken Samaras, né le 3 avril 1990 à La Trinité, dans les Alpes-Maritimes, est un rappeur (auteur-interprète) et acteur français. Il est aussi, dans une moindre mesure, réalisateur et directeur de photographie. Membre du groupe S-Crew et 1995, il appartient au collectif L’Entourage et a également fait partie du collectif 5 Majeur.

Sorti en 2015, son premier album solo, Feu, bénéficie d’une couverture médiatique importante ; pour cet album, il remporte en 2016 la Victoire de l’album de musiques urbaines. Son deuxième album, intitulé Cyborg, sort en 2016, et son troisième, Les Étoiles vagabondes, en 2019. Au cours de sa carrière, il a vendu plus de 1,5 million d’albums et détient trois disques de diamant pour ses trois albums studios.

La singularité artistique

En dix ans de sorties discographiques en groupe puis en solo, Nekfeu a réussi deux accomplissements qui ont avancé main dans la main pour l’imposer comme un grand artiste : la progression dans sa musique et l’installation d’une identité artistique. À l’époque de 1995, si on sentait évidemment ses influences – Scred Connexion, Disiz, Lunatic -, Nekfeu avait déjà un style d’écriture et une voix distinctifs dans ce groupe. Côté stylo, ses multisyllabiques dès Dans ta réssoi l’avait signalé comme un rappeur avec un vrai goût pour les sonorités recherchées (“Quand Nekfeu débarque dans ta réssoi, les cheveux en bataille, j’ramène soit des sons carrés, soit des nes-jeu en pagaille”). Sa voix à l’entrain juvénile lui avait aussi permis de transmettre son arrogance de jeune insouciant, au mode de vie hédoniste. Avec le début du succès de son groupe, ce motif de fêtard épicurien va se nourrir de sa nouvelle notoriété et traverser ses apparitions au micro sur les différents projets collectifs auxquels il va participer : les deux EP (La Source et La Suite) et l’album de 1995 (Paris Sud Minute), le premier album du $-Crew (Seine Zoo) et celui de L’Entourage (Jeunes entrepreneurs). Même si cette vie de fête était parfois traitée comme une fuite sur certains titres plus introspectifs, le Fennec se montrait plus scolaire et manquait de profondeur sur des sujets plus sérieux. Cela pouvait donner l’impression qu’il n’arrivait à briller que sur un seul registre – ce que ses sorties solo vont démentir.

Dès l’album Feu, Nekfeu a montré qu’il pouvait écrire sur plusieurs registres sans donner l’impression de se trahir ou de forcer le trait. “L’important pour moi c’est d’arriver à se démarquer de ce qui se fait quand tu arrives en solo”, disait-il au site Le Bon Son en 2015. “Imposer ton identité, ta vision du monde, de la manière la plus exacte possible. Mon défi sur l’album a été d’exprimer au mieux les émotions qui me traversent sur tous les sujets__, sans me cantonner à la facilité de ce que je savais déjà faire dans la musique, d’apporter un truc supérieur, travailler la musique en tant qu’art”. Ce principe, Nekfeu a réussi à l’appliquer et le faire progresser à mesure de ses disques solo.

En trois albums, il s’est extirpé de l’image sans doute un peu trop envahissante de jeune beau gosse doué mais scolaire pour devenir un rappeur d’abord fédérateur et fougueux (Feu), puis pris de doute sur la nature humaine et sur ses propres choix passés et actuels (Cyborg), enfin en perpétuelles interrogations personnelles et universelles (Les Étoiles vagabondes). Avec une diction hachée jouant souvent en double croche, de plus en plus mélodieux mais toujours friand de multisyllabiques, Nekfeu a aussi trouvé son flow et une “technicité dans l’écriture et l’interprétation qui ne retire rien à leur extrême sincérité”, d’après l’Abcdr du Son dans une chronique de Cyborg. Surtout, en trois albums, Nekfeu a réussi à développer une identité sonore mélangeant un son planant et en altitude avec une musique plus organique et chaude, en se reposant sur trois pôles : Hugz Hefner pour la tête dans les nuages, Selman / Loubensky / Hologram Lo pour les pieds sur terre, Diabi pour l’entre deux. S’il a comparé son label Seine Zoo à un “french OVO” au détour d’un clin d’oeil au label de Drake sur Cyborg, la direction musicale de Nekfeu montre aussi un rappeur qui garde un attachement à un son rap français crasseux. Pour simplifier cette argumentation sur l’identité musicale forte de Nekfeu, l’existence d’un épisode de La Recette de Maskey sur sa formule résume en quelque sorte cette idée que le rappeur du $-Crew a réussi à trouver sa singularité artistique, en faisant un rappeur unique.

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